Archéologie
(les Souffleurs)

Bouphonie, une exposition en 3 actes + 1

Du 15 au 28 janvier 2021 (du mercredi au dimanche de 14h à 19h)
Uniquement sur RDV en raison de la situation sanitaire

AU 6b, 6-10, QUAI DE SEINE À SAINT-DENIS

Dates à retenir
16.01 Vernissage de jour (14h-19h)
24.01 Projection des films de É.GEISSLER, M. MARTINIE & B. SCHIEB (16h30-18h)
28.01 Finissage & concerts (Ab 18h)

Archéologie

 

J’ai d’abord écrit un texte brut, évoquant le souvenir d’une tapisserie qui représentait une des cartes de Ptolémée dans la chambre de mon grand-père, à Marseille. Ce texte parlait de frustration liée à la perte de cet objet d’art rare. Il me permettait de travailler ma mémoire, d’en sortir les images prégnantes pour passer à la description.

Dans un second temps, j’ai pensé à 2 pièces qui dialogueraient : les Souffleurs avec Nel blu dipinto di blu pour former un ensemble nommé Archéologie.

Le dessin à la craie grasse me permet d’obtenir, quand j’insiste sur la matière, quelque chose d’humide et brillant. Il s’y forme une sorte de confusion entre terre et mer à la fois par ce bleu profond et ces contours irréguliers.

Les Souffleurs, par une personnification des vents comme têtes flottantes, évoquent alors le mouvement des eaux qui amènent à l’érosion : la terre est comme mangée de part et d’autre.

Elle est amenée à se transformer, à disparaître même, comme nos souvenirs avec le temps et nos émotions.

La tapisserie est remplacée par une rabane ayant servi plusieurs étés sur la plage de la Pointe Rouge à Marseille. Cette fois, la rabane est au mur et une serviette ne viendra pas la cacher.

Texte l’origine du projet Archéologie

 

Le matelas est mou. Tellement qu’on a envie de marcher dessus. Pas de s’allonger.
Comme on s’amuse dans les vagues ou sur un trampoline.

C’est la chambre interdite.
La chambre de Papé d’abord.
Puis la chambre des parents.

On y va à l’abri des regards, quand tout est silencieux. Quand la chaleur est pesante.
Quand les adultes discutent et jouent sur la terrasse.

On se fatigue on se jette sur le dos. On rebondit. Et on se met à tout regarder. Le papier peint... Tiens, il se décolle ici, ici et ici. Les objets. C’est quoi ce truc ? A quoi ça peut bien servir ? La bibliothèque. Les tranches de livres. Les vieilles lampes. La fenêtre, les rideaux ajourés. Et enfin la plus grande curiosité : une gigantesque tapisserie poussiéreuse. Ça ressemble à une carte du monde où tout est aplati. Autour, des têtes flottantes soufflent. Toutes les cheveux longs bouclés ! Et les bannières ? Leur prénom ? J’ai du mal à décoder le nom des océans...
on dirait bien que les u sont en forme de v. C’est du latin sûrement.

Je suis fascinée par ce grand truc que je n’aime pas toucher. J’ai peur que ça me tombe dessus. Je l’admire chaque été ou à chaque fois que je descends à Marseille. Je contemple ce puzzle de fils que je ne comprends pas.

Un jour, il sera à moi.

Le 11 bis boulevard Labouly a été cambriolé. Les types n’ont rien compris de ce qui avait de la valeur ou pas : ils ont détruit une maquette de bateau, volé des médailles en acier... et personne n’a sauvé ma carte de Ptolémée.

Sous le choc, ma tante et ma mère ont fait l’inventaire de ce qu’il restait. Plus tard, j’ai appris que ma tante avait mis la tenture sur le trottoir. Trop grosse, trop vieille, trop encombrante ?

Comme je regrette ce secret ! De n’avoir jamais confié à personne mon amour pour cet épais panneau bleu/gris/jaune. J’en ai cherché partout, si ça existait, si ça s’achetait…

C’était un cadeau offert par un géographe à mon grand-père.
Un ami généreux. J’avais raison : c’était précieux, personnel, beau.

Je cherche encore cette pièce dans les ventes aux enchères et même sur leboncoin...
en espérant que d’autres souffleurs n’aient pas fini par cracher du feu.

Un jour, qui sait.

Suivant
Suivant

Tuto #œuf